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http://www.sudouest.fr/2013/08/20/il-faut-aider-les-artistes-regionaux-1145530-2780.phpPublié le 20/08/2013 à 06h00
Par Jean-Michel Selva
« Il faut aider les artistes régionaux »Anne Etchegoyen parle de son nouvel album, regroupant les « tubes » du chant basque, et du combat qu’elle mène pour la reconnaissance des artistes aquitains.
PROPOS RECUEILLIS PAR
Sa voix est douce, posée. On sent toutefois en elle une certaine détermination.
« Sud Ouest ». Quelle est la genèse de votre nouvel album ?
Anne Etchegoyen. Je souhaitais rendre accessible à tous, hors de notre région, ce répertoire de chants basques bien connus ici, par des arrangements, avec une touche de modernité. Je voulais aussi faire une sélection assez exhaustive.
Pourquoi avoir choisi le chœur d’hommes Aizkoa pour vous accompagner ?
Nous travaillons ensemble depuis 2006. Artistiquement et humainement, on s’entend très bien. C’est très intéressant de travailler avec un chœur dont les 12 membres peuvent être solistes. C’est un véritable boulevard de chanter avec eux.
Pourquoi ne pas avoir tenté un album de variétés en français ?
Cela ne me va absolument pas. J’ai essayé, par des chemins de traverse. J’ai déjà une voix assez aiguë, et même si j’ai travaillé les médiums et les basses pour réussir à faire des choses plus douces, moins agressives dans l’écoute, je préfère laisser cela aux gens qui savent le faire bien mieux que moi.
Qui a eu l’idée du superbe duo avec Patrick Fiori sur « Pachamama » ?
Ma première rencontre avec Patrick date déjà de 2010, à Bordeaux. Puis, nous nous sommes revus à un concert qu’il donnait à Mimizan. C’est un vrai gentil, naturel, et surtout très drôle. Nous nous sommes tout de suite bien entendus. La rencontre avec le chœur a été épique.
Vous vous battez pour la reconnaissance des artistes aquitains. Parlez-nous de votre label AA.
En 2011, j’ai eu une réflexion artistique sur ma propre carrière. Qu’est- ce qui m’avait manqué pendant ce parcours ? Tout d’abord, des passerelles entre la province et Paris. Le milieu musical est très centralisé à Paris. Alors, comment aider un artiste qui a envie de créer ici ? Pour qu’un artiste vive de son métier, il faut qu’il s’exporte. Il y a d’abord les institutions départementales et régionales où, me semble-t-il, il y a déjà un problème de communication.
Notre région n’est pas identifiée comme telle. On ne dit pas : je vais en Aquitaine, mais je vais à Bordeaux, à Pau ou au Pays basque. Et pourtant, c’est une des régions de France les plus riches, culturellement parlant. Et j’essaie d’être le plus objective possible : le Conseil régional et les Conseils généraux organisent des festivals comme Les Scènes d’été ou Aquitaine en scène. C’est très bien. Ils aident aussi des festivals indépendants comme Garorock. Mais c’est dommage que les propositions qu’ils font pour aider un artiste à sortir, manquent autant de concret. Ils ne veulent pas, par exemple, créer une charte qui oblige les organisateurs de festival à permettre à un pourcentage défini d’artistes régionaux de présenter ce qu’ils font.
Nous avons donc créé le label AA, pour Artistes Aquitains. Nous voulons valoriser la compétence artistique de proximité et le côté communautaire, associatif. C’est-à-dire « penser global, agir local ». Puis nous avons lancé le tremplin PelikAAm’usic pour faire connaître de jeunes artistes. Et, enfin, le festival itinérant AA est né. Le but de notre festival est de mettre en avant tous les produits de notre région comme la musique, l’architecture, la gastronomie…
On vous a vue pourtant sur des scènes parisiennes ?
J’ai la particularité d’être dans un domaine qualifié de « musique du monde », la musique régionale, certainement plus exportable que d’autres, car très identifiable. Il y a des choses simples pour aider les artistes régionaux, comme une communication concrète au moment de chaque événement. L’exemple type a été mon dernier passage à l’Olympia, à Paris. Le concert s’appelait « L’Aquitaine sur scène ». Et, une semaine avant, le site de la Maison d’Aquitaine à Paris n’annonçait toujours pas l’événement… Ils ont un outil superbe au sein de la capitale, et ils ne s’en servent pas à bon escient. Je suis un peu dépassée par ce décalage.
Avez-vous eu des contacts avec des représentants culturels de la Région ?
Fin décembre, j’ai été reçue par Alain Rousset, président du Conseil régional d’Aquitaine, qui m’a semblé plutôt à l’écoute, en présence de Frédéric Vilcocq, son conseiller culture, pour proposer un festival aquitain itinérant. Il me dit : OK, vous en parlerez avec M. Vilcocq. Depuis, pas de nouvelles. Tout ceci est une histoire de conviction. Je ne sais pas si on sera aidés cette année, mais c’est quand même étonnant que notre tremplin soit uniquement financé par des partenaires privés. Je ne pense pas que ce soit vraiment une histoire d’argent, mais plutôt de reconnaissance. Je suis assez écœurée par cela. C’est un manque de considération.
Qu’aura de particulier votre prochain concert du jeudi 22 août, à l’église de Bidart ?
Ce sera le premier avec Aizkoa, où nous interpréterons les chansons du nouvel album. Ensuite, Culture Box, la plate-forme numérique lancée par France Télévisions avant l’été, viendra capter cet événement. Il y aura aussi un gros travail de lumières dans l’enceinte et à l’extérieur de l’église. Mais je souhaite laisser le public découvrir les surprises que nous lui avons préparées…